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I. L’étude de la langue : grammaire, orthographe, lexique

1. Grammaire

Enseigner la grammaire au collège, c'est conduire les élèves à comprendre les mécanismes de la langue, à maîtriser la terminologie qui sert à les identifier et à les analyser, afin de les amener à réutiliser ces connaissances pour mieux s'exprimer à l'écrit comme à l'oral et mieux comprendre les textes lus. Cet enseignement prend appui sur les savoirs grammaticaux acquis à l’école primaire, qu’il approfondit et complexifie, rendant ainsi possible l’apprentissage d’autres notions.

La « leçon » de grammaire est fondamentale : elle permet une conscience des faits de langue indispensable aux élèves pour qu’ils puissent s’exprimer de manière appropriée dans la suite de leur vie sociale mais aussi comprendre et goûter les textes qui constituent les piliers de la culture commune. La connaissance des mécanismes grammaticaux fait appel à l’esprit d’analyse, à la logique, autant qu’à l’intuition ; elle participe par conséquent pleinement à la structuration de la pensée. Les termes grammaticaux (sujets, verbe, complément, proposition principale, pronom relatif…) constituent en outre des repères communs dans la conscience de la langue ; ils doivent être soigneusement expliqués pour être systématiquement acquis, les connaissances grammaticales apprises en français servant aussi à l'apprentissage des autres langues.

Les séances consacrées à l’étude de la langue, sans pour autant devenir forcément autonomes, peuvent n’entretenir qu’un lien relativement souple avec l’objectif majeur que s'est donné le professeur pour construire sa progression d’enseignement : l’essentiel est que l’étude des notions mises au programme soit menée à bien. En complément de ces séances, l’attention portée aux faits de langue a également sa place et son utilité dans le cadre des travaux de lecture et d’écriture, qui fournissent l’occasion, selon leurs perspectives propres, de renforcer la compréhension et la mise en pratique des connaissances acquises.

Le programme de grammaire répartit les objets d’étude par année, pour éviter les répétitions. La progression est ainsi soigneusement ménagée.

Au collège, le programme privilégie l’apprentissage systématique de la grammaire de la phrase. Les faits de langue assurant la cohérence textuelle et ceux qui renvoient à l’énonciation, sans faire l’objet d’un enseignement propre, peuvent être abordés en tant que de besoin dans les classes de Sixième et de Cinquième. Dans la mesure où leur compréhension est nécessaire et où ils sont exprimables en termes simples et clairs, ils sont introduits dans les leçons et leur étude peut être systématisée à partir de la classe de Quatrième.
Le plan que propose le programme pour chaque année n'est pas destiné à être suivi tel quel : l'ordre est celui que décide le professeur, l'essentiel étant que toutes les notions figurant au programme aient été enseignées en classe et assimilées par les élèves.


2. Orthographe

Savoir orthographier correctement un texte constitue, socialement et professionnellement, une compétence essentielle. Le professeur de français accorde donc une attention constante à la bonne maîtrise de l’orthographe par ses élèves, notamment à leur capacité d’orthographier correctement leur propre texte, et s’efforce d’associer les professeurs des autres disciplines à cette entreprise.

L’acquisition de la compétence orthographique est indissociable des savoirs acquis dans les séances consacrées à la grammaire et au lexique. Elle rend nécessaire un apprentissage raisonné et régulier, étroitement articulé avec ces séances : le professeur veille à la mémorisation des règles essentielles et à leur réinvestissement dans des activités d’écriture variées. L’acquisition de la compétence orthographique dépend aussi de la capacité de l’élève à réfléchir sur son propre écrit et sur celui d’autrui : des activités sont fréquemment organisées à cette fin. En particulier, le professeur conduit l’élève à revenir sur ses erreurs, à les identifier et à les analyser.

L’élève apprend par ailleurs à consulter et à utiliser régulièrement et méthodiquement le dictionnaire, le manuel de grammaire, le guide de conjugaison ou encore à se servir, avec discernement et sans y voir un outil qui le dispenserait de la réflexion, d’un logiciel de correction orthographique adapté.

Les formes d’évaluation de l’orthographe sont multiples et, dans le cadre de la liberté pédagogique, le professeur sait trouver les plus pertinentes pour sa classe. Parmi tous les types de dictées auxquels il peut avoir recours (dictée-copie, dictée dialoguée…[1]), la dictée de contrôle est une modalité indispensable d’évaluation de la compétence orthographique. Soigneusement choisie, elle est propre à concentrer l’attention de l’élève sur ce qu’il écrit. Le professeur en fait un exercice motivant et stimulant. A cette fin, il précise soigneusement les critères d’évaluation et établit une progression en fonction des difficultés propres à ses classes. Les réécritures constituent une autre forme d’évaluation de la compétence orthographique particulièrement intéressante, qu’il s’agisse pour l’élève de récrire son propre texte ou celui d’autrui.

NB : Pour l’enseignement de la langue française, le professeur tient compte des rectifications de l’orthographe proposées par le Rapport du Conseil supérieur de la langue française, approuvées par l’Académie française (Journal officiel de la République française du 6 décembre 1990). Pour l’évaluation, il tient également compte des tolérances grammaticales et orthographiques de l’arrêté du 28 décembre 1976 (Journal officiel de la République française du 9 février 1977).

[1] Notes :
- La dictée copie : l’élève note sous la dictée de l’enseignant un texte qu’il a sous les yeux (au tableau par exemple).
- Dictée dialoguée ou commentée avec le professeur : lecture du texte complet. Lecture de la première phrase avec ponctuation ; écriture par chaque élève ; relecture ; toutes questions peuvent être posées au maître, sauf la demande de la bonne réponse ; en fonction des pistes ouvertes, corrections éventuelles de la première phrase. Idem pour la deuxième phrase.
- L’auto-dictée : l’enseignant dicte un texte appris par cœur par l’élève.
- La dictée de mots
- La reconstitution de texte : voisine de la précédente ; l’enseignant dit les phrases d’un texte mais seuls certains mots qui y sont insérés sont écrits par l’élève.
- La dictée à trous : l’élève complète un texte grâce à des mots dictés par l’enseignant.
- La dictée préparée : les erreurs possibles ont été envisagées quelques jours auparavant ; elle peut être préparée en fabriquant un puzzle de phrases.
- La dictée sans faute : (encore appelée dirigée ou dialoguée) : le texte est dicté phrase à phrase. Chaque difficulté rencontrée est discutée sans que la réponse soit véritablement donnée ; on oublie l’alphabet.
- la dictée-atelier : (atelier de négociation graphique) : le texte est écrit individuellement sous la dictée puis les élèves se regroupent par 2, 4, 8 et décident d’une version qui porte la trace des raisonnements.
- La dictée à corriger : (épreuve réservée aux sourds et malentendants du brevet des collèges).
- La dictée à choix multiples : plusieurs graphies sont proposées aux élèves qui choisissent celle qui convient.
- La dictée la plus difficile : fabrication par les élèves d’une dictée accumulant le maximum de difficultés orthographiques.


3. Lexique

Le travail sur le lexique doit rester une préoccupation constante de l’enseignement du français au collège. La maîtrise de la langue française, c’est-à-dire la capacité à exprimer sa pensée, ses sentiments et à comprendre autrui, à l’écrit comme à l’oral, suppose une connaissance précise du sens des termes utilisés et de leur valeur propre en fonction des contextes. D’année en année, le collège devient l’espace de cet apprentissage et de son approfondissement.

Toutes les activités de l’enseignement du français – écriture, lecture, oral, réflexion sur la langue – y concourent, mais le lexique doit lui-même faire l’objet d’un apprentissage régulier et approfondi, donnant lieu à des recherches systématiques et à des évaluations.

Il convient de développer des activités spécifiques autour du lexique, afin que soient clairement envisagées les différentes relations, sémantiques ou formelles, qui le structurent. Les approches de l’analyse du lexique sont diversifiées : familles de mots, morphologie, étymologie, évolution historique du sens d’un mot, dérivation et composition, champ lexical, champ sémantique, homophonie / homonymie, synonymie, antonymie, polysémie.

Le programme fixe, année après année, les notions et les domaines dont l’élève doit s’approprier le lexique. La progression définit des contenus par année qui donnent lieu à des travaux spécifiques approfondis, sans pour autant en exclure l’approche à d’autres moments du cycle. Le professeur s’attache particulièrement, dès la classe de Quatrième et surtout en Troisième, à élargir progressivement le vocabulaire abstrait, en relation avec le maniement des idées et la structuration de la pensée, afin de faciliter la transition du collège au lycée. Il conduit également les élèves à repérer et comprendre, au-delà du sens explicite d’un terme, d’autres effets de sens.

L’usage des dictionnaires, sous quelque forme que ce soit, en version imprimée ou numérique, est encouragé par une pratique constante, tant pour aider à la réalisation des activités menées en classe que pour éveiller la curiosité des élèves et susciter leur goût de l’expression juste. Le dictionnaire constitue un outil de travail : il assure la correction orthographique et il permet d’explorer l’univers des mots afin de les utiliser à bon escient.

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