RAPPORT DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA LANGUE FRANÇAISE
publié dans les documents administratifs
du Journal officiel du 6
décembre 1990
SOMMAIRE :
ANALYSE des règles passées - liste des
nouvelles RÈGLES - GRAPHIES PARTICULIÈRES
FIXÉES OU MODIFIÉES - RECOMMANDATIONS AUX
LEXICOGRAPHES ET CRÉATEURS DE NÉOLOGISMES
I.- ANALYSES
1. Le trait d’union
Le trait d’union a des emplois divers et
importants en français :
- des emplois syntaxiques : inversion du pronom sujet (exemple
: dit-il), et libre coordination (exemples : la ligne
nord-sud, le rapport qualité-prix). Il est utilisé
aussi dans l’écriture des nombres, mais, ce qui est difficilement
justifiable, seulement pour les numéraux inférieurs à cent (exemple
: vingt-trois, mais cent trois) (Voir Règle 1.)
- des emplois lexicaux dans des mots composés librement formés
(néologismes ou créations stylistiques, exemple :
train-train) ou des suites de mots figées (exemple :
porte-drapeau, va-nu-pied).
Dans ces emplois, la composition avec trait
d’union est en concurrence, d’une part, avec la composition par
soudure ou agglutination (exemples : portemanteau,
betterave), d’autre part, avec le figement d’expressions dont les
termes sont autonomes dans la graphie (exemples : pomme de terre,
compte rendu).
Lorsque le mot composé contient un élément savant
(c’est-à-dire qui n’est pas un mot autonome : narco-,
poly-, etc.), il est généralement soudé (exemple :
narcothérapie) ou, moins souvent, il prend le trait d’union (exemple
: narco-dollar). Si tous les éléments sont savants, la soudure
est obligatoire (exemple : narcolepsie). Dans
l’ensemble, il est de plus en plus net qu’on a affaire à un seul mot,
quand on va de l’expression figée au composé doté de trait d’union et
au mot soudé.
Dans une suite de mots devenue mot composé, le
trait d’union apparaît d’ordinaire :
a) lorsque cette suite change de nature
grammaticale (exemple : il intervient à propos, il a de
l’à-propos). Il s’agit le plus souvent de noms (un
ouvre-boîte, un va-et-vient, le non-dit, le
tout-à-l’égout, un après-midi, un chez-soi, un
sans-gêne). Ces noms peuvent représenter une phrase (exemples
: un laissez-passer, un sauve-qui-peut, le
qu’en-dira-t-on). Il peut s’agir aussi d’adjectifs (exemple
: un décor tape-à-l’œil) ;
b) lorsque le sens (et parfois le genre ou le
nombre) du composé est distinct de celui de la suite de mots dont il
est formé (exemple : un rouge-gorge qui désigne un
oiseau). Il s’agit le plus souvent de noms (un saut-de-lit, un
coq-à-l’âne, un pousse-café, un à-coup) dont
certains sont des calques de mots empruntés (un gratte-ciel,
un franc-maçon) ;
c) lorsque l’un des éléments a vieilli et n’est
plus compris (exemples : un rez-de-chaussée, un
croc-en-jambe, à vau-l’eau). L’agglutination ou soudure
implique d’ordinaire que l’on n’analyse plus les éléments qui
constituent le composé dans des mots de formation ancienne (exemples
: vinaigre, pissenlit, chienlit, portefeuille,
passeport, marchepied, hautbois, plafond), etc. ;
d) lorsque le composé ne respecte pas les règles
ordinaires de la morphologie et de la syntaxe, dans des archaïsmes
(1a grand-rue, un nouveau-né, nu-tête) ou dans
des calques d’autres langues (surprise-partie,
sud-américain).
On remarque de très nombreuses hésitations dans
l’usage du trait d’union et des divergences entre les dictionnaires,
ce qui justifie qu’on s’applique à clarifier la question, ce mode de
construction étant très productif. On améliorera donc l’usage du
trait d’union en appliquant plus systématiquement les principes que
l’on vient de dégager, soit à l’utilisation de ce signe, soit à sa
suppression par agglutination ou soudure des mots composés. (Voir
Graphies 1, 2, 3 ; Recommandations 1, 2.)
2. Les marques du nombre
Les hésitations concernant le pluriel de mots
composés à l’aide du trait d’union sont nombreuses. Ce problème ne se
pose pas quand les termes sont soudés (exemples : un
portefeuille, des portefeuilles ; un passeport, des
passeports).
Bien que le mot composé ne soit pas une simple
suite de mots, les grammairiens de naguère ont essayé de maintenir
les règles de variation comme s’il s’agissait de mots autonomes,
notamment :
- en établissant des distinctions subtiles : entre des
gardes-meubles (hommes) et des garde-meubles (lieux),
selon une analyse erronée déjà dénoncée par Littré ; entre un
porte-montre si l’objet ne peut recevoir qu’une montre, et un
porte-montres s’il peut en recevoir plusieurs ;
- en se contredisant l’un l’autre, voire eux-mêmes, tantôt à
propos des singuliers, tantôt à propos des pluriels : un
cure-dent, mais un cure-ongles ; des après-midi,
mais des après-dîners, etc.
De même que mille-feuille ou
millefeuille (les deux graphies sont en usage) ne désigne pas
mille (ou beaucoup de) feuilles, mais un gâteau, et ne prend donc pas
d’s au singulier, de même le ramasse-miettes ne se
réfère pas à des miettes à ramasser, ni à l’acte de les ramasser,
mais à un objet unique. Dans un mot de ce type, le premier élément
n’est plus un verbe (il ne se conjugue pas) ; l’ensemble ne constitue
donc pas une phrase (décrivant un acte), mais un nom composé. Il ne
devrait donc pas prendre au singulier la marque du pluriel. À ce nom
doit s’appliquer la règle générale d’accord en nombre des noms : pas
de marque au singulier, s ou x final au pluriel. (Voir
Règle 2.)
3. Le tréma et les accents
3.1. Le tréma
Le tréma interdit qu’on prononce deux lettres en
un seul son (exemple : lait mais naïf). Il ne
pose pas de problème quand il surmonte une voyelle prononcée (exemple
: maïs), mais déroute dans les cas où il surmonte une voyelle
muette (exemple : aiguë) : il est souhaitable que ces
anomalies soient supprimées. De même l’emploi de ce signe doit être
étendu aux cas où il permettra d’éviter des prononciations fautives (exemples
: gageure, arguer). (Voir Graphies 4, 5.)
3.2. L’accent grave ou aigu sur le e
L’accent aigu placé sur la lettre e a pour
fonction de marquer la prononciation comme « e fermé »,
l’accent grave comme « e ouvert ». Il est nécessaire de
rappeler ici les deux règles fondamentales qui régissent la
quasi-totalité des cas :
Première règle :
La lettre e ne reçoit un accent aigu ou
grave que si elle est en finale de la syllabe graphique : é/tude
mais es/poir, mé/prise mais mer/cure, inté/ressant
mais intel/ligent, etc.
Cette règle ne connaît que les exceptions
suivantes :
- l’s final du mot n’empêche pas que l’on accentue la
lettre e qui précède : accès, progrès (avec
s non prononcé), aloès, herpès (avec s
prononcé), etc.;
- dans certains composés généralement de formation récente, les
deux éléments, indépendamment de la coupe syllabique, continuent à
être perçus chacun avec sa signification propre, et le premier
porte l’accent aigu. Exemples : télé/spectateur
(contrairement à téles/cope), pré/scolaire
(contrairement à pres/crire), dé/stabiliser
(contrairement à des/tituer), etc.
Deuxième règle :
La lettre e ne prend l’accent grave que si
elle est précédée d’une autre lettre et suivie d’une syllabe qui
comporte un e muet. D’où les alternances : aérer, il
aère ; collège, collégien ; célèbre,
célébrer ; fidèle, fidélité ; règlement,
régulier ; oxygène, oxygéner, etc. Dans les mots
échelon, élever, etc., la lettre e n’est pas
précédée d’une autre lettre.
À cette règle font exception : les mots formés à
l’aide des préfixes dé- et pré- (se démener,
prévenir, etc.) ; quelques mots, comme médecin, ère
et èche.
L’application de ces régularités ne souffre qu’un
petit nombre d’anomalies (exemples : un événement, je
considérerai, puissé-je, etc.), qu’il convient de
réduire. (Voir Règle 3, Graphies 6, 7, Recommandation 3.)
3.3. L’accent circonflexe
L’accent circonflexe représente une importante
difficulté de l’orthographe du français, et même l’usage des
personnes instruites est loin d’être satisfaisant à cet égard.
L’emploi incohérent et arbitraire de cet accent
empêche tout enseignement systématique ou historique. Les
justifications étymologiques ou historiques ne s’appliquent pas
toujours : par exemple, la disparition d’un s n’empêche pas
que l’on écrive votre, notre, mouche, molte, chaque, coteau,
moutarde, coutume, mépris, etc., et à l’inverse, dans extrême
par exemple, on ne peut lui trouver aucune justification. Il
n’est pas constant à l’intérieur d’une même famille : jeûner,
déjeuner ; côte, coteau ; grâce, gracieux ;
mêler, mélange ; icône, iconoclaste, ni même dans la
conjugaison de certains verbes (être, êtes, était, étant). De
sorte que des mots dont l’histoire est tout à fait parallèle sont
traités différemment : mû, mais su, tu, vu, etc.;
plaît, mais tait.
L’usage du circonflexe pour noter une
prononciation est loin d’être cohérent : bateau, château ;
noirâtre, pédiatre ; zone, clone, aumône ; atome,
monôme. Sur la voyelle e, le circonflexe n’indique pas,
dans une élocution normale, une valeur différente de celle de
l’accent grave (ou aigu dans quelques cas) : comparer il mêle,
il harcèle ; même, thème ; chrême,
crème ; trêve, grève ; prêt, secret ; vêtir,
vétille. Si certains locuteurs ont le sentiment d’une
différence phonétique entre a et â, o et ô,
è ou é et ê, ces oppositions n’ont pas de
réalité sur les voyelles i et u (comparer cime,
abîme ; haine, chaîne ; voûte, route,
croûte ; huche, bûche ; bout, moût,
etc.) L’accent circonflexe, enfin, ne marque le timbre ou la durée
des voyelles que dans une minorité des mots où il apparaît, et
seulement en syllabe accentuée (tonique) ; les distinctions
concernées sont elles-mêmes en voie de disparition rapide.
Certes, le circonflexe paraît à certains
inséparable de l’image visuelle de quelques mots et suscite même des
investissements affectifs (mais aucun adulte, rappelons-le, ne sera
tenu de renoncer à l’utiliser).
Dès lors, si le maintien du circonflexe peut se
justifier dans certains cas, il ne convient pas d’en rester à la
situation actuelle : l’amélioration de la graphie à ce sujet passe
donc par une réduction du nombre de cas où le circonflexe est
utilisé. (Voir Règle 4 ; Recommandation 4.)
4. Les verbes en -eler et -eter
L’infinitif de ces verbes comporte un « e
sourd », qui devient « e ouvert » dans la conjugaison devant
une syllabe muette (exemple : acheter, j’achète
; ruisseler, je ruisselle).
Il existe deux procédés pour noter le « e
ouvert », soit le redoublement de la consonne qui suit 1e e (exemple :
ruisselle) ; soit le e accent grave, suivi d’une
consonne simple (exemple : harcèle).
Mais, quant au choix entre ces deux procédés,
l’usage ne s’est pas fixé, jusqu’à l’heure actuelle : parmi les
verbes concernés, il y en a peu sur lesquels tous les dictionnaires
sont d’accord. La graphie avec è présente l’avantage de
ramener tous ces verbes au modèle de conjugaison de mener (il
mène, elle mènera).
Quelques dérivés en -ement sont liés à ces
verbes (exemple : martèlement ou martellement).
On mettra fin sur ce point aux hésitations, en
appliquant une règle simple. (Voir Règle 5.)
5. Le participe passé des verbes en
emplois pronominaux
Les règles actuelles sont parfois d’une
application difficile et donnent lieu à des fautes, même chez les
meilleurs écrivains.
Cependant, il est apparu aux experts que ce
problème d’orthographe grammaticale ne pouvait être résolu en même
temps que 1es autres difficultés abordées. D’abord il ne s’agit pas
d’une question purement orthographique, car elle touche à la syntaxe
et même à la prononciation. Ensuite il est impossible de modifier la
règle dans les participes de verbes en emplois pronominaux sans
modifier aussi les règles concernant les emplois non pronominaux : on
ne peut séparer les uns des autres, et c’est l’ensemble qu’il
faudrait retoucher. Il ne sera donc fait qu’une proposition,
permettant de simplifier un point très embarrassant : le participe
passé de laisser suivi d’un infinitif, dont l’accord est pour
le moins incertain dans l’usage. (Voir Règle 6.)
6. Les mots empruntés
Traditionnellement, les mots d’emprunt s’intègrent
à la graphie du français après quelque temps. Certains, malgré leur
ancienneté en français, n’ont pas encore subi cette évolution.
6.1. Singulier et pluriel
On renforcera l’intégration des mots empruntés en
leur appliquant les règles du pluriel du français, ce qui implique
dans certains cas la fixation d’une forme de singulier.
6.2. Traitement graphique
Le processus d’intégration des mots empruntés
conduit à la régularisation de leur graphie, conformément aux règles
générales du français. Cela implique qu’ils perdent certains signes
distinctifs « exotiques », et qu’ils entrent dans les régularités de
la graphie française. On tiendra compte cependant du fait que
certaines graphies étrangères, anglaises en particulier, sont
devenues familières à la majorité des utilisateurs du français.
On rappelle par ailleurs que des commissions
ministérielles de terminologie sont chargées de proposer des termes
de remplacement permettant d’éviter, dans les sciences et techniques
en particulier, le recours aux mots empruntés. (Voir Règle 7 ;
Graphies 8, 9 ; Recommandations 4, 5, 7, 8, 9.)
7. Les anomalies
Les anomalies sont des graphies non conformes aux
règles générales de l’écriture du français (comme ign
dans oignon) ou à la cohérence d’une série précise. On peut
classer celles qui ont été examinées en deux catégories :
7.1 Séries désaccordées
Certaines graphies heurtent à la fois l’étymologie
et le sentiment de la langue de chacun, et chargent inutilement
l’orthographe de bizarreries ce qui n’est ni esthétique, ni logique,
ni commode. Conformément à 1a réflexion déjà menée par l’Académie sur
cette question, ces points de détail seront rectifiés. (Voir Graphies
10, 1l, 12, 13 ; Recommandation 6)
7.2. Dérivés formés sur les noms qui se
terminent par -on et -an
La formation de ces dérivés s’est faite et se fait
soit en doublant le n final du radical, soit en le gardant
simple. L’usage, y compris celui des dictionnaires, connaît beaucoup
de difficultés et de contradictions, qu’il serait utile de réduire.
Sur les noms en -an (une cinquantaine de
radicaux), le n simple est largement prédominant dans l’usage
actuel. Un cinquième des radicaux seulement redouble le n
(pour seulement un quart environ de leurs dérivés).
Sur les noms en -on (plus de 400 radicaux,
et trois fois plus de dérivés), la situation actuelle est plus
complexe. On peut relever de très nombreux cas d’hésitation, à la
fois dans l’usage et dans les dictionnaires. Selon qu’est utilisé tel
ou tel suffixe, il peut exister une tendance prépondérante soit au
n simple, soit au n double. On s’appuiera sur ces
tendances quand elles existent pour introduire plus de régularité.
(Voir Recommandation 10.)
II - Les
nouvelles RÈGLES
1. Trait d’union
: on lie par des traits d’union les numéraux formant un nombre
complexe, inférieur ou supérieur à cent.
Exemples : elle a vingt-quatre ans, cet
ouvrage date de l’année quatre-vingt-neuf, elle a cent-deux
ans, cette maison a deux-cents ans, il lit les pages
cent-trente-deux et deux-cent-soixante-et-onze, il possède
sept-cent-mille-trois-cent-vingt-et-un francs. (Voir Analyse
1.)
2. Singulier et
pluriel des noms composés comportant un trait d’union
: les noms composés d’un verbe et d’un nom suivent la règle des mots
simples, et prennent la marque du pluriel seulement quand ils sont au
pluriel, cette marque est portée sur le second élément.
Exemples : un pèse-lettre, des
pèse-lettres, un cure-dent, des cure-dents, un
perce-neige, des perce-neiges, un garde-meuble, des
garde-meubles (sans distinguer s’il s’agit d’homme ou de
lieu), un abat-jour, des abat-jours.
Il en va de même des noms composés d’une
préposition et d’un nom. Exemples : un après-midi, des
après-midis, un après-ski, des après-skis, un
sans-abri, des sans-abris.
Cependant, quand l’élément nominal prend une
majuscule ou quand il est précédé d’un article singulier, il ne prend
pas de marque de pluriel. Exemple : des prie-Dieu, des
trompe-l’œil, des trompe-la-mort. (Voir Analyse 2.)
3 . Accent grave
: conformément aux régularités décrites plus haut (Analyse 3.2) :
a) On accentue sur le modèle de semer les
futurs et conditionnels des verbes du type céder : je
cèderai, je cèderais, j’allègerai, j’altèrerai,
je considèrerai, etc.
b) Dans les inversions interrogatives, la première
personne du singulier en e suivie du pronom sujet je
porte un accent grave : aimè-je, puissè-je, etc. (Voir
Analyse 3.2 ; Graphies 6, 7 ; Recommandation 3.)
4. Accent circonflexe
Si l’accent circonflexe placé sur les lettres a,
o et e peut indiquer utilement des distinctions de
timbre (mâtin et matin ; côte et cote ;
vôtre et votre ; etc.), placé sur i et u
il est d’une utilité nettement plus restreinte (voûte et
doute par exemple ne se distinguent dans la prononciation que par
la première consonne). Dans quelques terminaisons verbales (passé
simple, etc.), il indique des distinctions morphologiques
nécessaires. Sur les autres mots, il ne donne généralement aucune
indication, excepté pour de rare distinctions de formes homographes.
En conséquence, on conserve l’accent circonflexe
sur a, e, et o, mais sur i et sur u
il n’est plus obligatoire, excepté dans les cas suivants :
a) Dans la conjugaison, où il marque une
terminaison :
Au passé simple (première et deuxième personnes du
pluriel) :
nous suivîmes, nous voulûmes, comme nous
aimâmes ;
vous suivîtes, vous voulûtes, comme vous
aimâtes.
À l’imparfait du subjonctif (troisième personne du
singulier) :
qu’il suivît, qu’il voulût, comme qu’il aimât.
Au plus-que-parfait du subjonctif, aussi nommé
parfois improprement conditionnel passé deuxième forme (troisième
personne du singulier) :
qu’il eût suivi, il eût voulu, comme qu’il eût
aimé.
Exemples :
Nous voulûmes qu’il prît la parole ;
Il eût préféré qu’on le prévînt.
b) Dans les mots où il apporte une distinction de
sens utile : dû, jeûne, les adjectifs mûr et sûr,
et le verbe croître (étant donné que sa conjugaison est en
partie homographe de celle du verbe croire). L’exception ne
concerne pas les dérivés et les composés de ces mots (exemple
: sûr, mais sureté ; croître, mais accroitre).
Comme c’était déjà le cas pour dû, les adjectifs mûr et
sûr ne prennent un accent circonflexe qu’au masculin
singulier.
Les personnes qui ont déjà la maîtrise de
l’orthographe ancienne pourront, naturellement, ne pas suivre cette
nouvelle norme. (Voir Analyse 3.3 ; Recommandation 4.)
Remarques :
- cette mesure entraîne la rectification de
certaines anomalies étymologiques, en établissant des régularités. On
écrit désormais mu (comme déjà su, tu, vu, lu),
plait (comme déjà tait, fait), piqure, surpiqure
(comme déjà morsure) traine, traitre, et leurs dérivés
(comme déjà gaine, haine, faine), et ambigument,
assidument, congrument, continument, crument, dument, goulument,
incongrument, indument, nument (comme déjà absolument,
éperdument, ingénument, résolument) ;
- sur ce point comme sur les autres, aucune
modification n’est apportée aux noms propres. On garde le circonflexe
aussi dans les adjectifs issus de ces noms (exemples :
Nîmes, nîmois.)
5.
Verbes en -eler et -eter
L’emploi du e accent grave pour noter le
son « e ouvert » dans les verbes en -eler et en -eter
est étendu à tous les verbes de ce type.
On conjugue donc, sur le modèle de peler et
d’acheter : elle ruissèle, elle ruissèlera, j’époussète,
j’étiquète, il époussètera, il étiquètera.
On ne fait exception que pour appeler (et
rappeler) et jeter (et les verbes de sa famille), dont
les formes sont les mieux stabilisées dans l’usage.
Les noms en -ement dérivés de ces verbes
suivront la même orthographe : amoncèlement, bossèlement,
chancèlement, cisèlement, cliquètement, craquèlement, craquètement,
cuvèlement, dénivèlement, ensorcèlement, étincèlement, grommèlement,
martèlement, morcèlement, musèlement, nivèlement, ruissèlement,
volètement. (Voir Analyse 4.)
6. Participe passé
: le participe passé de laisser suivi d’un infinitif
est rendu invariable : il joue en effet devant l’infinitif un rôle
d’auxiliaire analogue à celui de faire, qui est toujours
invariable dans ce cas (avec l’auxiliaire avoir comme en
emploi pronominal).
Le participe passé de laisser suivi d’un
infinitif est donc invariable dans tous les cas, même quand il est
employé avec l’auxiliaire avoir et même quand l’objet est placé avant
le verbe. (Voir Analyse 5.)
Exemples :
Elle s’est laissé mourir (comme déjà elle
s’est fait maigrir) ;
Elle s’est laissé séduire (comme déjà elle
s’est fait féliciter) ;
Je les ai laissé partir (comme déjà je
les ai fait partir) ;
La maison qu’elle a laissé saccager (comme
déjà la maison qu’elle a fait repeindre).
7. Singulier et
pluriel des mots empruntés : les noms ou adjectifs
d’origine étrangère ont un singulier et un pluriel réguliers : un
zakouski, des zakouskis ; un ravioli, des
raviolis ; un graffiti, des graffitis ; un lazzi,
des lazzis ; un confetti, des confettis ; un
scénario, des scénarios ; un jazzman, des
jazzmans, etc. On choisit comme forme du singulier la forme la
plus fréquente, même s’il s’agit d’un pluriel dans l’autre langue.
Ces mots forment régulièrement leur pluriel avec
un s non prononcé (exemples : des matchs, des
lands, des lieds, des solos, des apparatchiks).
Il en est de même pour les noms d’origine latine (exemples :
des maximums, des médias). Cette proposition ne
s’applique pas aux mots ayant conservé valeur de citation (exemple
: des mea culpa).
Cependant, comme il est normal en français, les
mots terminés par s, x et z restent invariables (exemples
: un boss, des boss ; un kibboutz, des
kibboutz ; un box, des box).
Remarque : le pluriel de mots composés
étrangers se trouve simplifié par la soudure (exemples : des
covergirls, des bluejeans, des ossobucos, des
weekends, des hotdogs). (voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9 ;
Recommandations 4, 5, 7, 8, 9.)
Tableau résumé des règles
NUMÉRO |
ANCIENNE ORTHOGRAPHE |
NOUVELLE ORTHOGRAPHE |
1 |
vingt-trois, cent trois. |
vingt-trois, cent-trois.
|
2 |
un cure-dents.
des cure-ongle.
un cache-flamme(s).
des cache-flamme(s). |
un cure-dent.
des cure-ongles.
un cache-flamme.
des cache-flammes. |
3 a |
je céderai, j’allégerais. |
je cèderai, j’allègerais.
|
3 b |
puissé-je, aimé-je. |
puissè-je, aimè-je. |
4 |
il plaît, il se tait.
la route, la voûte. |
il plait, il se tait.
la route, la voute . |
5 |
il ruisselle, amoncèle. |
il ruissèle, amoncèle. |
6 |
elle s’est laissée
aller.
elle s’est laissé appeler. |
elle s’est laissé
aller.
elle s’est laissé appeler. |
7 |
des jazzmen, des lieder. |
des jazzmans, des lieds.
|
III. - GRAPHIES PARTICULIÈRES
FIXÉES OU MODIFIÉES
Ces listes, restreintes, sont limitatives.
Il s’agit en général de mots dont la graphie est
irrégulière ou variable ; on la rectifie, ou bien l’on retient la
variante qui permet de créer les plus larges régularités. Certains de
ces mots sont déjà donnés par un ou plusieurs dictionnaires usuels
avec la graphie indiquée ici : dans ce cas, c’est une harmonisation
des dictionnaires qui est proposée.
1. Mots composés
: on écrit soudés les noms de la liste suivante, composés sur la base
d’un élément verbal généralement suivi d’une forme nominale ou de «
tout ».
Les mots de cette liste, ainsi que ceux de la
liste B ci-après (éléments nominaux et divers), sont en général des
mots anciens dont les composants ne correspondent plus au lexique ou
à la syntaxe actuels (chaussetrappe) ; y figurent aussi des
radicaux onomatopéiques ou de formation expressive (piquenique,
passepasse), des mots comportant des dérivés (tirebouchonner),
certains mots dont le pluriel était difficile (un brisetout,
dont le pluriel devient des brisetouts, comme un faitout,
des faitouts, déjà usité), et quelques composés sur porte-,
dont la série compte plusieurs soudures déjà en usage (portefaix,
portefeuille, etc.). Il était exclu de modifier d’un coup
plusieurs milliers de mots composés, l’usage pourra le faire
progressivement. (Voir Analyse 1 ; Recommandations 1, 2.)
Liste A
arrachepied (d’).
boutentrain.
brisetout.
chaussetrappe.
clochepied (à).
coupecoupe.
couvrepied.
crochepied.
croquemadame, |
croquemitaine,
croquemonsieur.
croquemort.
croquenote.
faitout.
fourretout.
mangetout.
mêletout.
passepartout. |
passepasse.
piquenique.
porteclé.
portecrayon.
portemine.
portemonnaie.
portevoix.
poucepied.
poussepousse. |
risquetout.
tapecul.
tirebouchon.
tirebouchonner.
tirefond.
tournedos.
vanupied. |
2. Mots composés : on écrit soudés également les noms
de la liste suivante, composés d’éléments nominaux et adjectivaux
(Voir Analyse 1; Recommandations 1, 2).
Liste B
arcboutant.
autostop.
autostoppeur, euse.
bassecontre.
bassecontriste.
bassecour.
bassecourier.
basselisse.
basselissier. |
bassetaille.
branlebas.
chauvesouris
chèvrepied.
cinéroman.
hautecontre.
hautelisse.
hautparleur.
jeanfoutre. |
lieudit.
millefeuille.
millepatte.
millepertuis.
platebande.
potpourri.
prudhomme.
quotepart.
sagefemme. |
saufconduit.
téléfilm.
terreplein.
vélopousse.
véloski.
vélotaxi. |
3. Onomatopées : on écrit soudés les onomatopées et
mots expressifs (de formations diverses) de la liste suivante (Voir
Analyse 1; Recommandations 1, 2)
Liste C
blabla.
bouiboui.
coincoin.
froufrou. |
grigri.
kifkif.
mélimélo.
pêlemêle. |
pingpong.
prêchiprêcha.
tamtam.
tohubohu. |
traintrain.
troutrou.
tsétsé. |
4. Tréma : dans les mots suivants, on place le tréma
sur la voyelle qui doit être prononcée : aigüe (et dérivés,
comme suraigüe, etc.), ambigüe, exigüe, contigüe, ambigüité,
exigüité, contigüité, cigüe. Ces mots appliquent ainsi la règle
générale : le tréma indique qu’une lettre (u) doit être
prononcée (comme voyelle ou comme semi-voyelle) séparément de la
lettre précédente (g). (voir Analyse 3.1.)
5. Tréma
: le même usage du tréma s’applique aux mots suivants où une suite
-gu ou -geu- conduit à des prononciations défectueuses (il
argue prononcé comme nargue). On écrit donc: il
argüe (et toute la conjugaison du verbe argüer) ;
gageüre, mangeüre, rongeüre, vergeüre. (Voir Analyse 3.1.)
6. Accents : on munit d’un accent les mots de la liste
suivante où il avait été omis, ou dont la prononciation a changé.
(Voir Analyse 3.2 ; Règle 3 ; Recommandation 3.)
Liste D
asséner.
bélitre.
bésicles.
démiurge. |
gélinotte.
québécois.
recéler.
recépage. |
recépée.
recéper.
réclusionnaire.
réfréner. |
sèneçon.
sénescence.
sénestre. |
7. Accents
: l’accent est modifié sur les mots de la liste suivante qui avaient
échappé à la régularisation entreprise par l’Académie française aux
XVIIIe et XIXe siècles, et qui se conforment
ainsi à la règle générale d’accentuation. (Voir Analyse 3.2 ; Règle 3
; Recommandation 3.)
Liste E
abrègement.
affèterie.
allègement.
allègrement.
assèchement.
cèleri. |
complètement (nom).
crèmerie.
crèteler.
crènelage.
crèneler.
crènelure. |
empiètement.
évènement.
fèverole.
hébètement.
règlementaire.
règlementairement. |
règlementation.
règlementer.
sècheresse.
sècherie.
sènevé.
vènerie. |
8. Mots empruntés
: on écrit soudés les mots de la liste suivante, composés d’origine
latine ou étrangère, bien implantés dans l’usage et qui n’ont pas
valeur de citation. (Voir Analyse 6 ; Règle 7 ; Recommandations 4, 5,
7, 8, 9.)
Liste F
Mots d’origine latine
(employés comme noms - exemple : un apriori)
apriori.
exlibris.
exvoto. |
statuquo.
vadémécum |
|
Mots d’origine étrangère
baseball.
basketball.
blackout.
bluejean.
chichekébab.
chowchow.
covergirl.
cowboy.
fairplay.
globetrotteur.
handball. |
harakiri.
hotdog.
lockout.
majong.
motocross.
ossobuco.
pipeline.
sidecar.
striptease.
volleyball.
weekend. |
|
9. Accentuation des
mots empruntés : on munit d’accents les mots de la
liste suivante, empruntés à la langue latine ou à d’autres langues,
lorsqu’ils n’ont pas valeur de citation. (Voir Analyse 6 ; Règle 7 ;
Recommandations 4, 5, 7, 8, 9.)
Liste G
Mots d’origine latine
artéfact.
critérium.
déléatur.
délirium trémens.
désidérata.
duodénum.
exéat.
exéquatur.
facsimilé.
jéjunum.
linoléum.
média.
mémento. |
mémorandum.
placébo.
proscénium.
référendum.
satisfécit.
sénior.
sérapéum.
spéculum.
tépidarium.
vadémécum.
vélarium.
vélum.
véto. |
|
Mots empruntés à d’autres langues
allégretto.
allégro.
braséro.
candéla.
chébec.
chéchia.
cicérone.
condottière.
décrescendo.
diésel.
édelweiss.
impresario.
kakémono. |
méhalla.
pédigrée.
pérestroïka.
péséta.
péso.
piéta.
révolver.
séquoia.
sombréro.
téocalli.
trémolo.
zarzuéla. |
|
10. Anomalies
: des rectifications proposées par l’Académie (en 1975)
sont reprises, et sont complétées par quelques rectifications de même
type. (Voir Analyse 7.)
Liste H
absout, absoute (participe, au lieu de absous, absoute).
appâts (au lieu de appas).
assoir, rassoir, sursoir (au lieu de asseoir, etc.) (a).
bizut (au lieu de bizuth) (b).
bonhommie (au lieu de bonhomie).
boursoufflement (au lieu de boursouflement).
boursouffler (au lieu de boursoufler).
boursoufflure (au lieu de boursouflure).
cahutte (au lieu de cahute).
charriot (au lieu de chariot).
chaussetrappe (au lieu de chausse-trape).
combattif (au lieu de combatif).
combattivité (au lieu de combativité).
cuisseau (au lieu de cuissot).
déciller (au lieu de dessiller) (c).
dissout, dissoute (au lieu de dissous, dissoute).
douçâtre (au lieu de douceâtre) (d).
embattre (au lieu de embatre).
exéma (au lieu de eczéma) et ses dérivés (e).
guilde (au lieu de ghilde, graphie d’origine
étrangère).
homéo- (au lieu de homoeo-).
imbécilité (au lieu de imbécillité).
innommé (au lieu de innomé).
levreau (au lieu de levraut).
nénufar (au lieu de nénuphar).
ognon (au lieu de oignon).
pagaille (au lieu de pagaïe, pagaye) (g).
persifflage (au lieu de persiflage).
persiffler (au lieu de persifler).
persiffleur (au lieu de persifleur).
ponch (boisson, au lieu de punch) (h).
prudhommal (avec soudure) (au lieu de prud’homal).
prudhommie (avec soudure) (au lieu de prud’homie).
relai (au lieu de relais) (i).
saccarine (au lieu de saccharine) et ses nombreux dérivés.
sconse (au lieu de skunks) (j).
sorgo (au lieu de sorgho, graphie d’origine étrangère).
sottie (au lieu de sotie).
tocade (au lieu de toquade).
ventail (au lieu de vantail) (k).
Notes :
(a) Le e ne se prononce plus. L’Académie
française écrit déjà j’assois (à côté de j’assieds),
j’assoirai, etc. (mais je surseoirai). Assoir
s’écrit désormais comme voir (ancien français veoir),
choir (ancien français cheoir), etc.
(b) À cause de bizuter, bizutage.
(c) À rapprocher de cil. Rectification
d’une ancienne erreur d’étymologie.
(d) Cea est une ancienne graphie rendue
inutile par l’emploi de la cédille.
(e) La suite cz est exceptionnelle en
français. Exéma comme examen.
(f) Mot d’origine arabo-persane. L’Académie a
toujours écrit nénufar, sauf dans la huitième édition
(1932-1935).
(g) Des trois graphies de ce mot, celle-ci est la
plus conforme aux règles et la moins ambiguë.
(h) Cette graphie évite l’homographie avec
punch (coup de poing) et l’hésitation sur la prononciation.
(i) Comparer relai-relayer, avec
balai-balayer, essai-essayer, etc.
(j) Des sept graphies qu’on trouve actuellement,
celle-ci est la plus conforme aux règles et la moins ambiguë.
(k) À rapprocher de vent ; rectification
d’une ancienne erreur d’étymologie.
11. Anomalies
: on écrit en -iller les noms suivants anciennement en
-illier, où le i qui suit la consonne ne s’entend pas
(comme poulailler, volailler) : joailler,
marguiller, ouillère, quincailler, serpillère.
(Voir Analyse 7.)
12. Anomalies
: on écrit avec un seul l (comme bestiole, camisole,
profiterole, etc.) les noms suivants : barcarole,
corole, fumerole, girole, grole, guibole, mariole, et les mots
moins fréquents : bouterole, lignerole, muserole,
rousserole, tavaïole, trole. Cette terminaison se trouve ainsi
régularisée, à l’exception de folle, molle, de colle et
de ses composés. (Voir Analyse 7.)
13. Anomalies
: le e muet n’est pas suivi d’une consonne double dans les
mots suivants, qui rentrent ainsi dans les alternances régulières (exemples
: lunette, lunetier, comme noisette, noisetier ;
prunelle, prunelier comme chamelle, chamelier, etc.) :
interpeler (au lieu de interpeller) ; dentelière
(au lieu de dentellière) ; lunetier (au lieu de
lunettier) ; prunelier (au lieu de prunellier).
(Voir Analyse 7.)
Liste des graphies rectifiées
abrègement.
absout.
affèterie.
aigüe.
allègement.
allègrement.
allégretto.
allégro.
ambigüe.
ambigüité.
appâts.
apriori
arcboutant
argüer.
arrachepied (d’).
artéfact.
assèchement.
asséner.
assoir.
autostop.
autostoppeur, euse.
barcarole.
baseball.
basketball.
bassecontre.
bassecontriste.
bassecour.
bassecourier.
basselisse.
basselissier.
bassetaille.
bélitre.
bésicles.
bizut.
blabla.
blackout.
bluejean.
bonhommie.
bouiboui.
boursoufflement.
boursouffler.
boursoufflure.
boutentrain.
bouterole.
branlebas.
braséro.
brisetout.
cahutte.
candéla.
cèleri.
charriot.
chaussetrappe.
chauvesouris.
chébec.
chéchia.
chèvrepied.
chichekébab.
chowchow.
cicérone.
cigüe.
cinéroman.
clochepied (à).
coincoin.
combattif.
combattivité.
complètement.
condottière.
contigüe.
contigüité. |
corole.
coupecoupe.
couvrepied.
covergirl.
cowboy.
crèmerie.
crènelage.
crèneler.
crènelure.
crèteler.
critérium.
crochepied.
croquemadame.
croquemitaine.
croquemonsieur.
croquemort.
croquenote.
cuisseau.
déciller.
décrescendo.
déléatur.
délirium trémens.
démiurge.
dentelière.
désidérata.
diésel.
dissout.
douçâtre.
duodénum.
édelweiss.
embattre.
empiètement.
évènement.
exéat.
exéma.
exéquatur.
exigüe.
exigüité.
exlibris.
exvoto.
facsimilé.
fairplay.
faitout.
fèverole.
fourretout.
froufrou
fumerole.
gageüre.
gélinotte.
girole.
globetrotteur.
grigri.
grole.
guibole.
guilde.
handball.
harakiri.
hautecontre.
hautelisse.
hautparleur.
hébètement.
homéo-.
hotdog.
imbécilité.
imprésario.
innommé.
interpeler
jeanfoutre.
jéjunum. |
joailler.
kakémono.
kifkif
levreau.
lieudit.
lignerole.
linoléum.
lockout.
lunetier.
majong.
mangetout.
mangeüre.
marguiller.
mariole.
média.
méhalla.
mêletout.
mélimélo
mémento.
mémorandum.
millefeuille.
millepatte.
millepertuis.
motocross.
muserole.
nénufar.
ognon.
ossobuco.
ouillère.
pagaille.
passepartout.
passepasse.
pédigrée.
pêlemêle.
pérestroïka
persifflage.
persiffler.
persiffleur.
péséta.
péso
piéta.
pingpong.
pipeline.
piquenique.
placébo.
platebande.
ponch.
porteclé.
portecrayon.
portemine.
portemonnaie.
portevoix.
potpourri
poucepied.
poussepousse.
prêchiprêcha.
proscénium.
prudhommal.
prudhomme.
prudhommie.
prunelier.
québécois.
quincailler.
quotepart.
rassoir.
recéler.
recépage.
récépée.
recéper. |
réclusionnaire.
référendum.
réfréner
règlementaire.
règlementairement.
règlementation.
règlementer.
relai.
révolver.
risquetout.
rongeüre.
rousserole.
saccarine.
sagefemme
satisfécit.
saufconduit.
sconse.
sècheresse.
sècherie.
sèneçon.
sénescence.
sénestre.
sènevé.
sénior.
séquoia.
sérapéum.
serpillère.
sidecar.
sombréro.
sorgo.
sottie.
spéculum.
statuquo.
striptease.
suraigüe.
sursoir.
tamtam.
tapecul.
tavaïole.
téléfilm.
téocalli.
tépidarium.
terreplein.
tirebouchon.
tirebouchonner.
tirefond.
tocade.
tohubohu.
tournedos.
traintrain.
trémolo.
trole.
troutrou.
tsétsé.
vadémécum.
vanupied.
vélarium.
vélopousse.
véloski.
vélotaxi.
vélum.
vènerie.
ventail.
vergeüre.
véto.
volleyball.
weekend.
zarzuéla. |
IV. - RECOMMANDATIONS AUX
LEXICOGRAPHES ET CRÉATEURS DE NÉOLOGISMES
Les recommandations qui suivent ont pour but
d’orienter l’activité des lexicographes et créateurs de néologismes
de façon à améliorer l’harmonie et la cohérence de leurs travaux.
Elles ne sont pas destinées dans un premier temps à l’utilisateur,
particulier ou professionnel, ni à l’enseignement.
1. Trait d’union
: le trait d’union pourra être utilisé notamment lorsque le nom
composé est employé métaphoriquement : barbe-de-capucin,
langue-de-bœuf (en botanique), bonnet-d’évêque (en cuisine
et en architecture) ; mais on écrira taille de guêpe (il n’y a
métaphore que sur le second terme), langue de terre (il n’y a
métaphore que sur le premier terme), langue de bœuf (en
cuisine, sans métaphore). (Voir Analyse I.)
2. Mots composés
: quant à l’agglutination, on poursuivra l’action de l’Académie
française, en recourant à la soudure dans les cas où le mot est bien
ancré dans l’usage et senti comme une seule unité lexicale.
Cependant, on évitera les soudures mettant en présence deux lettres
qui risqueraient de susciter des prononciations défectueuses ou des
difficultés de lecture (*). (Voir Analyse 1.)
* Il y a risque de prononciation défectueuse quand
deux lettres successives peuvent être lues comme une seule unité
graphique, comme les lettres o et i, a et i,
o et u, a et u. Exemples :
génito-urinaire, extra-utérin. Pour résoudre la difficulté, la
terminologie scientifique préfère parfois le tréma au trait d’union (radioïsotope,
sur le modèle de coïncidence). Toutefois l’Académie a estimé
qu’on pouvait conserver le trait d’union en cas de contact entre deux
voyelles (contre-attaque, ou contrattaque avec élision
comme dans contrordre). De même elle a jugé utile le recours
éventuel au trait d’union dans les mots formés de plus de deux
composants, fréquents dans le vocabulaire scientifique. Par ailleurs,
on rappelle que le s placé entre deux voyelles du fait de la
composition se prononce sourd : pilosébacé, sacrosaint.
L’extension de la soudure pourra concerner les cas
suivants :
a) Des noms composés sur la base d’un élément
verbal suivi d’une forme nominale ou de tout (voir plus haut,
liste A, les exemples dès maintenant proposés à l’usage général).
b) Des mots composés d’une particule invariable
suivie d’un nom, d’un adjectif ou d’un verbe ; la tendance existante
à la soudure sera généralisée avec la particules contre, entre
quand elles sont utilisés comme préfixes, sur le modèle de en, sur,
supra, et de la plupart des autres particules, qui sont déjà
presque toujours soudées. L’usage de l’apostrophe sera également
supprimé par la soudure.
Exemples : contrechant (comme
contrechamp), à contrecourant (comme à contresens),
contrecourbe (comme contrechâssis), contrefeu
(comme contrefaçon), contrespionnage (comme
contrescarpe), contrappel (comme contrordre),
entraide (comme entracte), entreligne (comme
entrecôte), s’entrenuire (comme s’entrechoquer),
s’entredévorer (comme s’entremanger), etc.
c) Des mots composés au moyen des préfixes latins
: extra, intra, ultra, infra.
Exemples : extraconjugal (comme
extraordinaire) ; ultrafiltration, infrasonore, etc.
d) Des noms composés d’éléments nominaux et
adjectivaux devenus peu analysables aujourd’hui. Voir plus haut,
liste B, les exemples dès maintenant proposés à l’usage général.
e) Des mots composés à partir d’onomatopées ou
similaires sur le modèle de la liste C (voir plus haut).
f) Des noms composés d’origine latine ou
étrangère, bien implantés dans l’usage, employés sans valeur de
citation. Voir plus haut, liste F, les exemples dès maintenant
proposés à l’usage général.
g) Les nombreux composés sur éléments « savants »
(en particulier en o). On écrira donc par exemple :
aéroclub, agroalimentaire, ampèreheure, audiovisuel, autovaccin,
cardiovasculaire, cinéclub, macroéconomie, minichaîne, monoatomique,
néogothique, pneumohémorragie, psychomoteur, radioactif,
rhinopharyngite, téléimprimeur, vidéocassette, etc.
Remarque : le trait d’union est justifié quand la
composition est libre, et sert précisément à marquer une relation de
coordination entre deux termes (noms propres ou géographiques) : les
relations italo-françaises (ou franco-italiennes), les
contentieux anglo-danois, les mythes gréco-romains, la
culture finno-ougrienne, etc.
3. Accentuation des
mots empruntés : on mettra un accent sur des mots
empruntés au latin ou à d’autres langues intégrés au français (exemples
: artéfact, braséro), sauf s’ils gardent un caractère de
citation (exemple : un requiem). Voir plus haut, liste
G, les exemples dès maintenant proposés à l’usage général. Certains
de ces mots sont déjà accentués dans des dictionnaires. (Voir Analyse
3.2 et 6 ; Règle 3 ; Graphies 6, 7.)
4. Accentuation des
mots empruntés et des néologismes : on n’utilisera
plus l’accent circonflexe dans la transcription d’emprunts, ni dans
la création de mots nouveaux (sauf dans les composés issus de mots
qui conservent l’accent). On peut par exemple imaginer un
repose-flute, mais un allume-dôme, un protège-âme
(Voir Analyses 3.3 et 6 ; Règle 4.)
5. Singulier et
pluriel des noms empruntés : on fixera le singulier et
le pluriel des mots empruntés conformément à la règle 7 ci-dessus.
(Voir Analyse 6 ; Règle 7 ; Graphies 8, 9.)
6. Anomalies
: on mettra fin aux hésitations concernant la terminaison -otter ou -oter,
en écrivant en -otter les verbes formés sur une base en -otte
(comme botter sur botte) et en -oter les verbes
formés sur une base en -ot (comme garroter sur garrot,
greloter sur grelot) ou ceux qui comportent le suffixe
verbal -oter (exemples : baisoter, frisoter,
cachoter, dansoter, mangeoter, comme clignoter,
crachoter, toussoter, etc.). Dans les cas où l’hésitation
est possible, on ne modifiera pas la graphie (exemples :
calotter sur calotte ou sur calot, flotter
sur flotte ou sur flot, etc.), mais, en cas de
diversité dans l’usage, on fixera la graphie sous la forme -oter.
(Voir Analyse 7, Graphie 10, 11, 12, 13.)
Les dérivés suivront le verbe (exemples
: cachotier, grelotement, frisotis, etc.).
7. Emprunts
: on francisera dans toute la mesure du possible les mots
empruntés en les adaptant à l’alphabet et à la graphie du français.
Cela conduit à éviter les signes étrangers (diacritiques ou non)
n’appartenant pas à notre alphabet (par exemple, å), qui
subsisteront dans les noms propres seulement. D’autre part, des
combinaisons inutiles en français seront supprimées : volapük
deviendra volapuk, muesli deviendra musli (déjà
usité), nirvâna s’écrira nirvana, le ö pourra,
selon la prononciation en français, être remplacé par o (maelström
deviendra maelstrom, déjà usité) ou oe (angström
deviendra angstroem, déjà usité, röstis deviendra
roestis, déjà usité). Bien que les emplois de gl italien
et ñ, ll espagnols soient déjà familiers, on acceptera
des graphies comme taliatelle (tagliatelle) paélia
(paella), lianos (llanos), canyon qui évitent une
lecture défectueuse. (Voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9.)
8. Emprunts
: dans les cas où existent plusieurs graphies d’un mot emprunté, on
choisira celle qui est la plus proche du français (exemple :
des litchis, un enfant ouzbek, un bogie, un
canyon, du musli, du kvas, cascher, etc.).
(Voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9.)
9. Emprunts
: le suffixe nominal -er des anglicismes se prononce tantôt
comme dans mer (exemples : docker, révolver, starter)
et plus souvent comme dans notre suffixe -eur (exemple
: leader, speaker) ; parfois deux prononciations coexistent (exemples
: cutter, pull-over, scooter). Lorsque la prononciation du
-er (final) est celle de -eur, on préférera ce suffixe (exemple
: debatter devient débatteur). La finale en -eur
sera de règle lorsqu’il existe un verbe de même forme à côté du nom (exemples
: squatteur, verbe squatter ; kidnappeur, verbe
kidnapper, etc.). (Voir Analyse 6 ; Graphies 8, 9.)
10. Néologie
: dans l’écriture de mots nouveaux dérivés de noms en -an, le
n simple sera préféré dans tous les cas ; dans l’écriture de
mots nouveaux dérivés de noms en -on, le n simple sera
préféré avec les terminaisons suffixales commençant par i, o
et a. On écrira donc par exemple : -onite, -onologie, -onaire,
-onalisme, etc. (Voir Analyse 7.)
Remarque générale. Il est recommandé aux
lexicographes, au-delà des rectifications présentées dans ce rapport
et sur leur modèle, de privilégier, en cas de concurrence entre
plusieurs formes dans l’usage, la forme la plus simple : forme sans
circonflexe, forme agglutinée, forme en n simple, graphie
francisée, pluriel régulier, etc.
TABLEAU SYNOPTIQUE DES CORRESPONDANCES
entre analyses, règles, graphies et recommandations
Analyses |
Règles |
Graphies |
Recommandations |
1 |
1 |
1, 2, 3 |
1, 2 |
2 |
2 |
|
|
3.1
3.2
3.3 |
3
4 |
4,5
6, 7 |
3
4 |
4 |
5 |
|
|
5 |
6 |
|
|
6 |
7 |
8, 9 |
4, 5, 7, 8, 9 |
7 |
|
10, 11, 12, 13 |
6, 10 |
|