Réjean Ducharme est un écrivain, dramaturge, scénariste et sculpteur québécois né à Saint-Félix-de-Valois, Québec, le 12 août 1941.

Il habiterait toujours Montréal, mais il vit dans le secret le plus total. Certains doutent même que Réjean Ducharme soit son véritable nom. La légende veut qu'il parcoure la métropole, marchant plusieurs heures par jour, en faisant la collecte de divers rebuts, dont il se sert pour fabriquer des sculptures.

Depuis quatre décennies, l'artiste refuse toute demande d'entrevue et ne fait aucune apparition publique. À peine deux photos de lui existent, et seules quelques rarissimes lettres aux quotidiens ont été publiées, au début de sa carrière.

Réjean Ducharme connaît un succès immédiat, dès la parution en 1966 de son roman L'avalée des avalés, qui le consacre instantanément comme un des grands écrivains québécois de sa génération. Malgré le jeune âge de son auteur, le roman sera mis en nomination pour le prix Goncourt.

Le nez qui voque et l'Océantume, manuscrits antérieurs apparemment soumis à Gallimard en même temps que celui de L'avalée des avalés, seront subséquemment publiés par ce même éditeur.

La publication de la première œuvre d'un écrivain de ce calibre par un éditeur français sème la controverse en ces années où le nationalisme québécois connaît une effervescence rarement égalée. Le Cercle du livre de France, maison d'édition de Pierre Tisseyre, avait refusé un manuscrit de Ducharme, et ce rejet incita l'écrivain à se tourner plutôt vers Gallimard.

L'enfance et le rejet du monde des adultes sont parmi les thèmes qui reviennent fréquemment dans l'œuvre de Ducharme. L'héroïne de L'avalée des avalés est une enfant, Bérénice; les personnages principaux de Le nez qui voque sont des adolescents coupés du monde. Les références à ces sujets en particulier, doublé du secret qui entoure la vie intime de l'auteur, ont exacerbé plusieurs comparaisons entre Réjean Ducharme et l'écrivain américain J. D. Salinger. Ce dernier vit toutefois en réclusion totale et ne publie rien depuis des décennies, contrairement à Ducharme.

Dans son œuvre, Réjean Ducharme se distingue par le recourt fréquent aux jeux de mots, aux néologismes et aux inventions de langage, ce qui rend son style particulièrement vivant et unique. Contrairement à plusieurs de ses contemporains des années 1960 et 1970, il n'écrit pas en joual, bien que des expressions locales ou des jurons québécois apparaissent parfois dans son travail.

Réjean Ducharme a écrit quelques chansons importantes du répertoire de Robert Charlebois, tel Mon pays (ce n'est pas un pays c'est une job), Heureux en amour et Le Violent seul (chu tanné).

Au cinéma, il a collaboré aux scénarios de deux films de Francis Mankiewicz : Les Bons Débarras en 1980 et Les Beaux Souvenirs en 1981.

Il est également sculpteur. Ses œuvres, qu'il appelle trophoux, sont signées du nom de Roch Plante. Il ne fait pas davantage d'intervention publique lors du dévoilement de ses sculptures.