Julien Gracq (Saint-Florent-le-Vieil, Maine-et-Loire, 27 juillet 1910 - ), de son vrai nom Louis Poirier, est un écrivain français. Il est l'un des auteurs les plus discrets du paysage littéraire français, estimant que l'écrivain doit disparaître derrière son œuvre. Nourrie du romantisme allemand et du surréalisme, l'œuvre de Julien Gracq mêle l'insolite et le symbolisme fantastique.

Ancien élève de l'École normale supérieure (promotion 1930), et de l'École libre des sciences politiques, agrégé d'histoire et de géographie en 1934, il fait une carrière de professeur aux lycées de Quimper, Nantes, Amiens et au lycée Claude-Bernard de Paris.

Après le refus de Gallimard, il publie sa première œuvre, Au château d'Argol, chez l'éditeur José Corti auquel il restera toujours fidèle. André Breton remarque le roman et contribue aux premiers remous de la critique littéraire. Gracq restera fidèle à l'esprit surréaliste, et à la personne de Breton, sans jamais appartenir au mouvement.

La découverte en 1943 de Sur les falaises de marbre, le roman emblématique d'Ernst Jünger, est pour Gracq une véritable révélation : on retrouvera de nombreuses similitudes stylistiques et thématiques dans ses productions suivantes.

Ayant publié en 1950 dans la revue Empédocle un pamphlet féroce, La Littérature à l'estomac , sur la situation de la littérature et sur les prix littéraires, Gracq reste cohérent avec lui-même en refusant l'année suivante le prix Goncourt pour Le Rivage des Syrtes, ce qui provoque une tempête médiatique.

Il publie en 1958 Un balcon en forêt, un roman qui prend appui sur son expérience de soldat dans les Ardennes au début de la Seconde Guerre mondiale et qui renouvelle le thème de la naissance de l'amour dans le contexte ambigu et finalement tragique de la « Drôle de guerre ». Touché par le caractère étrange du personnage féminin et de la situation amoureuse, le metteur en scène Michel Mitrani en tirera en 1979 une adaptation cinématographique qui conserve le même titre.

À partir des années soixante, il publie plusieurs textes de critique littéraire (Préférences ; Lettrines I ; Lettrines II ; En lisant, en écrivant) où transparaissent son immense culture et son acuité critique.

Toujours à l'écart du parisianisme et des médias et fidèle à son éditeur José Corti, il continue à publier, en particulier des notes de lectures qu'il intitule "Lettrines".

Tant de mains pour transformer le monde, et si peu de regards pour le contempler ! (Julien Gracq - Lettrines I)