Né à Buenos-Aires (Argentine) en 1940, Raul Damonte est élevé en grande partie à Montevideo (Uruguay) dans une famille parfaitement francophone dont le père est directeur de journal et député anti-péroniste . Tirant peut-être du goût de ce dernier pour la peinture un talent précoce pour le dessin, il collabore dès l’âge de 16 ans au journal satirique Tia Vicente.

Les activités politiques de son père l’obligent à s'exiler en sa compagnie à Haiti puis à New-York. En 1963, il le quitte pour s’installer à Paris dans l’espoir d’y vivre de sa passion, le théâtre. Mais sa maîtrise imparfaite du français le conduit à vivre dans un premier temps de dessins. Sous le nom de “Copi” ("poulet" en Argentin), il entre alors à Twenty, puis à Bizarre. C'est dans cette dernière revue qu’à l’automne 1964, Serge Lafaurie, à la recherche d’une B.D. pour Le Nouvel Observateur, le remarque .

S’il amorce alors sa collaboration à l’hebdomadaire de la rue d’Aboukir, il dessine aussi pour Hara Kiri, Charlie Hebdo et à leur homologue italien, Linus. Se distinguant par un graphisme aigu et un humour surréaliste, il atteint la notoriété avec son personnage de dame assise au gros nez et aux cheveux raides qui, figée sur sa chaise, monologue, ou dialogue avec un volatile informe. Selon Marilu Marini, il a « créé son exact opposé avec cette femme pleine d’a priori qui veut rester sur sa chaise sans bouger car tout ce qui peut ébranler ses convictions est pour elle un grand danger ».

Avec les revenus qu’il tire du dessin, il peut ainsi se livrer à sa passion en compagnie de ses amis Victor Garcia, Alejandro Jodorowsky, mais aussi Jérôme Savary qui est le premier, en 1964, à monter de courtes pièces qu’il a écrit. Jorge Lavelli prend la suite en montant Sainte Geneviève dans sa baignoire, la Journée d'une rêveuse au Lutèce (1966) et L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer (1967) où Copi joue lui-même un travesti délirant. Car s’il dénonce le régime argentin comme dans Eva Péron (montée à Buenos-Aires en 1970), il s’illustre par son engagement aux côtés du Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (FHAR) qui traduit un rapprochement entre l'extrême gauche mao et les homosexuels.

Compagnon de la figure de proue du mouvement gay, Guy Hocquenghem, il suit ce dernier à Libération où, avec Jean-Luc Henning, Christian Hennion ou le transsexuel Hélène Hazera, ils forment à partir de 1973 un petit groupes d’homosexuels au sein de la rédaction. Auteur de nombreuses pièces dans la deuxième moitié des années 1970 et la première partie des années 1980, il meurt des suites du SIDA le 14 décembre 1987, alors qu'il était en pleine répétition d’Une Visite inopportune, dont le personnage principal est un malade du sida qui se meurt dans un hôpital.