Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné (5 février 1626, Paris - 17 avril 1696, Grignan) est une femme de lettres française.

Fille d'un gentilhomme bourguignon et de la descendante d'une famille de financiers, elle se trouva très vite orpheline. Jeanne de Chantal, cofondatrice avec François de Sales de l'ordre de la Visitation, la confia à sa famille maternelle. Elle reçut une bonne éducation, bien que Ménage et Chapelain n'y eurent point part, contrairement à ce que rapporta ensuite la légende. À l'âge de dix-huit ans, le 4 août 1644, elle épousa Henri de Sévigné. Elle en eut :

  • Françoise-Marguerite, future comtesse de Grignan (née le 10 octobre 1646) ;
  • Charles (né le 12 mars 1648).

Le 4 février 1651, Henri de Sévigné se battit en duel contre le chevalier d'Albret pour sa maîtresse, Mme de Gondran. Il mourut le surlendemain. Mme de Sévigné se trouva donc libre de mener sa vie à sa guise. Elle fréquenta les salons, en particulier celui de Fouquet, voulant « être à tous les plaisirs » comme l'écrivit son cousin Bussy-Rabutin. En 1657, Mademoiselle de Scudéry fit son portrait dans Clélie, sous le nom de Clarinte. Mme de Sévigné partagea alors son temps entre sa résidence parisienne et sa demeure bretonne de Vitré, le château des Rochers-Sévigné, hérité de son mari.

Le 27 janvier 1669, sa fille épousa François de Grignan, descendant d'une grande famille de Provence. Il s'installe d'abord à Paris, mais en novembre, il est nommé lieutenant général en Provence, charge qui l'oblige à résider dans sa province. Le 6 février 1671, Mme de Sévigné envoie sa première lettre à sa fille. Ce fut le début d'une longue correspondance, qui dura jusqu'à sa mort en 1696. Elle fut inhumée dans le caveau seigneurial.

En 1793, des révolutionnaires à la recherche de plomb pour les armées, ouvrent son cercueil. Son crâne sera scié pour le faire expertiser par un spécialiste de l'époque. Un doute restait cependant sur la véracité de cette histoire, et la présence de ses restes dans ce caveau. Doute qui fut levé à l'occasion de travaux de restauration de la collégiale de Grignan en mai 2005: l'ouverture du caveau permit d'y trouver le crâne soigneusement refermé.

Les lettres de Mme de Sévigné firent d'abord l'objet d'une première édition clandestine en 1725, comprenant 28 lettres ou extraits de lettres. Elle fut suivie de deux autres, en 1726. Pauline de Simiane, petite-fille de l'intéressée, décida alors de faire publier officiellement la correspondance de sa grand-mère. Elle confie ce soin à un éditeur d'Aix-en-Provence, Denis-Marius Perrin. Celui-ci publie 614 lettres en 1734—1737, puis 772 en 1754. Les lettres ont été remaniées et sélectionnées suivant les instructions de Mme de Simiane : toutes celles touchant de trop près à la famille, ou celles dont le niveau littéraire paraissait médiocre. Les lettres restantes ont souvent fait l'objet de réécritures pour suivre le goût du jour.

La question de l'authenticité se pose donc de manière cruciale pour ces lettres. Sur les 1120 connues, seuls 15 % proviennent des autographes, lesquels ont été presque totalement détruits après usage. Néanmoins, en 1873, un lot de copies manuscrites, d'après les autographes, a été retrouvé chez un antiquaire. Il couvre environ la moitié des lettres adressées à Mme de Grignan.