Jean-Marie-Mathias-Philippe-Auguste, comte de Villiers de l'Isle-Adam, écrivain français né à Saint-Brieuc, le 7 novembre 1838 et mort à Paris, le 18 août 1889 : Mathias pour la famille, Villiers pour les amis, officiellement Auguste pour les autres. Il prétendait être descendant direct du maréchal Villiers de l'Isle-Adam, grand-maître de l’ordre de Malte qui vivait au XVe siècle et à ce titre, avoir des droits sur le trône de Grèce. Cela ne l'empêchera pas de mener une vie de bohème et de misère.

En 1846, sa famille s’installe à Lannion en 1846. Entre 1847 et 1851, il est interne au petit séminaire de Tréguier, puis à Rennes (dans l’ancien collège Saint-Vincent), au Lycée de Laval, à Vannes (collège Saint-François-Xavier) et à Saint-Brieuc.

Cet auteur essentiel du symbolisme français fut un grand admirateur de Poe et de Baudelaire, un passionné de Wagner et un grand ami de Mallarmé : cet aristocrate qui défendit la monarchie est en fait résolument moderne en esthétique. Familier de l'irréel, il part de postulats étranges, hors de toute réalité. Idéaliste impénitent, le rêve seul l'enchante et l'exalte, non sans s'accompagner d'une ironie sombre qui reste sa marque. Comme peut-être aucun autre écrivain, il a su allier "les deux modes en secret correspondants du rêve et du rire" (Mallarmé).

Son œuvre la plus célèbre aujourd'hui est les Contes cruels (1883), auxquels il faut ajouter L'Ève future (1886), roman dans lequel il met en scène le génial Edison, inventeur d'une femme artificielle censée racheter l'Ève déchue. C'est d'ailleurs dans cet ouvrage fondateur pour la science-fiction que Villiers utilise le mot "Andréide" (du grec Andr- humain et -eides espèce / à l'image de) pour désigner une créature artificielle conçue comme la réplique d'un être humain.

On n'omettra pas non plus Tribulat Bonhomet, du nom du sinistre docteur positiviste et "tueur de cygnes".

Selon une formule consacrée, Axël enfin, œuvre testament et grand œuvre de son auteur, fut "la bible du théâtre symboliste" (Dorothy Knowles).

  • Anatole France a dit de lui : « Si ce dormeur éveillé a emporté avec lui le secret de ses plus beaux rêves, s’il n’a pas dit tout ce qu’il avait vu dans ce songe qui fut sa vie, du moins il a laissé assez de pages pour nous donner une idée de l’originale richesse de son imagination. Il faut le dire, à la confusion de ceux qui l’ignoraient tant qu’il a vécu : Villiers est un écrivain, et du plus grand style. Il a le nombre et l’image. Quand il n’embarrasse pas ses phrases d’incidences aux intentions trop profondes, quand il ne prolonge pas trop les ironies sourdes, quand il renonce au plaisir de s’étonner lui-même, c’est un prosateur magnifique, plein d’harmonie et d’éclat »