François Quesnay (1694- 1774) médecin, penseur du Roi Louis XV et économiste français ainsi que l'un des fondateurs de la première école en économie, l'école des Physiocrates. Il est l'auteur du Tableau économique (1758) qui est la première resprésentation schématique de l'économie.

Quesnay est né à Méré, dans l'actuel département des Yvelines, près de Paris, d'une famille de petit propriétaire terrien (et non d'un avocat comme l'a prétendu une légende tenace1) et de treize frères et sœurs. A onze ans, il ne sait toujours pas lire. Il va alors apprendre avec son jardinier, ce qui va développer chez lui le goût pour la médecine et l’"administration rurale". En 1711, il apprendra ensuite le latin et le grec avec le curé de son village.

A treize ans, il se retrouve orphelin de son père et décide de se consacrer à la chirurgie. Il étudie la médecine et devient, en 1718, maître dans la communauté des chirurgiens de Paris. Il débute sa carrière à Mantes et devient chirurgien royal en 1723. En 1744, il obtient le titre de docteur en médecine et devient médecin de Mme de Pompadour en 1749. Il rentre à l'Académie des sciences en 1751 et devient membre de la Royal Society en 1752. Le roi Louis XV l'anobli la même année à la suite de la guérison du Dauphin de la petite vérole. À la suite de cette guérison, il reçoit des mains du souverain, qui l'appelait son "penseur", des "armoiries parlantes" : trois fleurs de pensées. Ses premièrs livres portent essentiellement sur la médecine: Observations sur les effets de la saignée (1730), Essai phisique sur l'œconomie animale (1736), L'Art de guérir par la saignée (1736), Traité de la suppuration (1749), Traité de la gangrène (1749), Traité des fièvres continues (1753).

Ses relations (les académiciens d'Alembert et Buffon, le philosophe Diderot, les habitués de son entresol Helvétius et Condorcet) lui firent découvrire de nouveaux centres d'intérêts. Après cette brillante carrière de médecin-chirurgien qui le conduisit jusqu'au chevet du Roi, Quesnay se tourna vers 1750 à l'économie. Il forma la secte des économistes, ou l'école des Physiocrates où le rejoignirent progressivement Victor de Mirabeau, le rédacteur des Ephémérides du citoyen, l'abbé Nicolas Baudeau, l'avocat G. F. Le Trosne, André Morellet, l'intendant Mercier Lariviere et Dupont de Nemours. Ses principales œuvres économiques sont des articles de l'Encyclopédie ("Fermiers" (1756), "Grains" (1757), "Hommes" (1757) ); les livres Le Tableau économique (1758) ; Maximes générales du gouvernement économique d'un royaume agricole (1758) ; le chapitre VII de la Philosophie rurale de Mirabeau ; et des articles paru dans le Journal de L'Agriculture, du Commerce et de la Finance : Le droit naturel" (1765), "Dialogue sur le commerce" (1765) et "Dialogue sur les travaux des artisans" (1767)

Les dernières années de sa vie, François Quesnay se mit à étudier les mathématiques. Son ami, d'Alembert, parle en ces termes de cette expérience malheureuse: "Il eut le malheur de trouver à la fois la trisection de l'angle et la quadrature du cercle, et de démontrer par des raisonnemens métaphysiques qui lui paroissoient hors de doute, que la diagonale du quarré et son côté ne sont pas incommensurables." Cet échec tardif ne vint cependant pas remettre en cause sa réputation qu'il a acquis plus jeune en chirugie et en économie.

À la mort de Louis XV en mai 1774, Quesnay dut quitter le château de Versailles pour s'installer au Grand Commun. Il est mort le 16 décembre 1774 à Versailles.

Quesnay publia ses premiers écrits d'économie, en 1756-1757, dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (les articles Fermiers et Grains). Puis l'année suivante paru la première version de son célèbre Tableau économique, où il présente l'ordre naturel de l'économie. Le rôle des économistes est de révéler les lois de la nature. Les lois économiques fonctionnent de la même façon que les lois de la physique.

Ce texte représente les idées des Physiocrates. Le Tableau est inspiré de la circulation du sang chez l'homme, sur un modèle de flux, contreflux et d'échange.

Il fut le premier à imaginer l'économie à un niveau macroéconomique. Les agents économiques ne sont plus considérés comme une somme d'agents individuels, comme le préconise la théorie classique (Adam Smith, David Ricardo, John Stuart Mill).

À ce titre, c'est-à-dire en considérant l'économie dans sa globalité (différemment du postulat classique d'individualisme méthodologique) il est précurseur de la pensée de Karl Marx et de Keynes, qui reprendront tous deux le modèle de tableau.

Quesnay édite le Tableau économique par l'imprimerie nouvellement installée au château de Versailles. Au total, Quesnay rédigera trois versions. La première édition date de novembre ou décembre 1758. Cette première version du "zigzag" était basé sur un revenu de 400 livres et comportait vingt-deux Remarques. La deuxième édition, qui date du printemps 1759, part d'un revenu de 600 livres et 23 remarques. La troisième édition, éditée en 1759, est également basée sur un revenu de 600 livres et est suivi d'une "explication" de douze pages et d'un "extrait" comportant vingt-quatre maximes.

Quesnay représente dans le Tableau économique l'économie comme un domaine cohérent de nature systémique en s'inspirant de la découverte, réalisée un siècle et demi plus tôt par William Harvey, du mécanisme de la petite et de la grande circulation sanguine.

Il divise la société en deux secteurs (l'agriculture et le reste) et trois classes sur la base de leur rapport au produit net: la classe productive (composée essentiellement de fermiers) qui est la seule à pouvoir fournir un produit net, c'est-à-dire capable de multiplier les produits, la classe stérile (qui est composée de tous les citoyens occupés à d'autres travaux que ceux de l'agriculture) qui est uniquement capable de transformer les biens sans les multiplier et la classe des propriétaires (de la terre) dont la seule fonction est de dépenser la part du revenu qui est due sans produire aucun bien.

Quesnay relie relie les classes sociales par des flux de matières et de monnaie. Le tableau qu'il élabore ainsi peut être représenté de façon plus moderne sous la forme d'un circuit ou encore d'un tableau entrées-sorties de Leontief.

Quesnay montre comment une première dépense engendre des flux de production et de dépenses. Et comment ces dernières financent, à leur tour, la dépense initiale. La classe productive utilise des avances primitives (capital agricole issu de la production de la classe stérile et du capital technique) qui subit à amortissement physique évalué à 10% par l'an selon Quesnay, soit un milliards par an. Ce qui nécessitera de reconstituer chaque années l'avance primitive. Les fermiers utilisent également leurs propres produits en tant qu'input (semences, alimentation du bétail) qui sont évaluées à deux milliards selon Quesnay. La récolte étant de 5 milliards, le produit net est de 2 milliards. Il est versé sous forme de rentes aux propriétaires fonciers. La classe stérile transforme les produits agricoles en produits manufacturés pour 1 milliard et ce deux fois par an. Enfin, la classe des propriétaires fonciers reçoit la rente d'un montant de 2 milliards qu'elle dépense à parts égales entre la classe stérile et la classe productive.

Le tableau économique décrit un état rêvé de l’économie. Sur cette base, d’années en années, l ‘économie se reproduit telle qu’elle. Il n’y a plus de croissance. Quesnay considère cette situation comme le meilleur état possible pour la France.