Guillaume de Lorris ou Guillaume de Loris (né à Lorris vers 1200 et mort vers 1238) est un poète français du haut Moyen Âge.

Il est l'auteur du Roman de la rose [1], qu'il laisse inachevé et que Jean de Meun termina une quarantaine d'années plus tard.

Notes

[1] Le Roman de la Rose est un travail de 22000 vers octosyllabiques sous la forme d’un rêve allégorique. Il a été écrit en deux temps: Guillaume de Lorris écrivit la première partie (4058 vers) en 1237, puis l’ouvrage fut complété par Jean de Meung (18000 vers) entre 1275 et 1280. Une traduction en vers et en français contemporain en a été effectuée par Bordas. Celle-ci est introuvable aujourd’hui, mais on peut en lire un extrait dans l’Anthologie de la poésie française de Pierre Seghers. Le texte d’époque, quant à lui, est à peu près illisible aujourd’hui par un non spécialiste, hormis quelques mots identifiables de ci, de là. La première partie conte la cour d’un homme à son aimée et ses tentatives de pénétrer dans un jardin clôturé symbolisant la belle. La seconde présente une discussion plus philosophique de l’amour ainsi que des digressions sur des sujets variés tournant parfois en ridicule certaines idées et sentiments exprimés par Guillaume de Lorris. La seconde partie a provoqué des polémiques sur la vision de la femme par Jean de Meung, en particulier la réponse de Christine de Pisan sur ses positions conduisant à une des premières querelles féministes. Cette seconde partie ne philosophe pas que sur l'amour. On y disserte aussi des animaux domestiques, que l'homme ne pourrait jamais asservir comme il le fait s'ils disposaient de l’entendement ;de l'astuce de la nature qui, le désir de descendance des humains étant insuffisant pour assurer à lui seul la reproduction de l'espèce, a ajouté à l'acte d'amour un petit bonus de plaisir pour les motiver un peu. Le livre se présente comme une conversation plaisante et instructive, de caractère philosophique avec des interlocuteurs successifs divers (dont l'abominable personnage de La vieille, qui raconte par le menu comment une femme doit toujours extorquer autant d'avantages matériels qu'elle le pourra de ses amoureux et amants successifs, que c'est ce qu'elle a toujours fait, et qu'agir autrement n'est que folie). Une partie du roman a été traduite en anglais sous le titre The Romaunt of Rose par Geoffrey Chaucer, qui a eu une grande influence sur la littérature anglaise. Le Roman de la Rose a clairement été ce qu’on nommerait aujourd’hui, toutes choses égales par ailleurs, un best-seller. On en a retrouvé en effet environ une centaine d’exemplaires en France. Pour apprécier à sa juste valeur ce chiffre, il faut se souvenir que Johannes Gutenberg n’inventera l’imprimerie à caractères mobiles que vers 1450. Tous les exemplaires dont il est question ici sont des parchemins patiemment écrits à la main lettre par lettre. Compte-tenu du temps nécessaire de spécialistes en hautes technologies de l’époque (car il fallait en effet savoir lire et écrire) pour cette tâche, un ouvrage de cette taille devait coûter quelque chose qui serait aujourd’hui compris entre le prix d’une automobile et celui d’un appartement. Il vaut naturellement encore bien davantage aujourd’hui.