Sibylle Aimée Marie Antoinette Gabrielle Riquetti de Mirabeau, par son mariage comtesse de Martel, en littérature Gyp, est une romancière française née au château de Coétsal près de de Plumergat (Bretagne) en 1849 et morte en 1932.

Arrière-petite nièce de Mirabeau, Sibylle Gabrielle Riquetti de Mirabeau est la dernière des Mirabeau. Elle grandit dans le reproche permanent de n'être pas un garçon qui pourrait continuer cette illustre lignée. Alors qu'elle est encore enfant, ses parents se séparent et elle suit sa mère, née Marie Le Harivel de Gonneville, qui s'installe à Nancy chez ses parents dans l'immeuble familial, place Carrière. Son grand-père, bonapartiste, ancien officier de la Grande Armée, se charge de l'essentiel de son éducation. Elle apprend l'escrime, l'équitation, la danse classique. Son père, légitimiste, la conduit à Frohsdorf, auprès du comte de Chambord.

A la mort de son père, en 1860, elle s'éloigne de sa mère, qui se livre aux mondanités et à la littérature, publiant dans divers périodiques sous plusieurs pseudonymes. Elle épouse le 2 décembre 1867 le comte Roger de Martel de Janville. Le jeune couple s'installe à Paris où Gabrielle pose pour Jean-Baptiste Carpeaux puis à Nancy. Lors de la guerre de 1870, Roger de Martel est au Havre et se lie d'amitié avec Félix Faure, le futur Président de la République. En 1879, les Martel s'installent définitivement à Neuilly-sur-Seine à l'angle de la rue de Chézy et du boulevard Bineau.

La comtesse de Martel commence par publier quelques textes dans La Vie parisienne en février 1877, puis dans La Revue des Deux Mondes. A partir de 1880, elle commence à publier en volume, sous le pseudonyme de Gyp, écrivant toutes les nuits, au total plus de 120 ouvrages dont beaucoup connaîtront le succès : Petit Bob, type de l'enfant terrible (1882), Les Chasseurs, Un trio turbulent, Autour du mariage (1883), Ce que femme veut (1883), Sans voiles (1885), Autour du divorce (1886), Dans le train (1886), Mademoiselle Loulou (1888), Bob au salon (1889), L'éducation d'un prince (1890), Passionette (1891), Oh! la grande vie (1891), Une Election à Tigre-sur-mer (1890), basé sur l'expérience de Gyp au soutien d'un candidat boulangiste, Mariage civil (1892), Ces bons docteurs (1892) De haut en bas (1893), Le Mariage de Chiffon, popularisé par le cinéma (1894), Leurs âmes (1895), Le Cœur d'Ariane (1895), Le Bonheur de Ginette (1896), Totote (1897), Lune de miel (1898), Israel (1898), L'Entrevue (1899), Le Pays des champs (1900), Trop de chic (1900), Le Friquet (1901), La Fée (1902), Un Mariage chic (1903), Un Ménage dernier cri (1903), Maman (1904), Le Cœur de Pierrette (1905), Les Flanchards (1917), Souvenirs d'une petite fille (1927-1928), etc.

Cette production abondante et aujourd'hui complètement oubliée montre un sens certain du dialogue, un esprit mordant, de l'humour, une grande capacité d'observation. Gyp se moque avec bonheur de la bonne société dont elle fait partie. Elle a créé des personnages qui demeurent des archétypes : l'enfant gâtée, l'écolière précoce, la jeune épouse, etc. Mais nombre de ses romans sont gâtés par leur antisémitisme et leur nationalisme extrême.

La comtesse de Martel fut boulangiste, anti-dreyfusarde, passionnément nationaliste.

Une tentative pour porter à la scène Autour du mariage échoua. Mademoiselle Ève (1895), rencontra davantage de succès, mais Gyp n'était pas faite pour être auteur dramatique. De fait, ses romans manquent d'action et d'intrigue.

Gyp fut en butte à de perpétuels soucis d'argent, que son abondante production littéraire visait en partie à soulager. Malgré cela, elle acheta en 1895 le château de Mirabeau, où elle fit faire d'importants travaux qui achevèrent de la ruiner. Elle dut le revendre en 1907 à Maurice Barrès.