Le lecteur est projeté d’emblée dans la lecture d’un
journal intime.
Le narrateur vivait confortablement dans une grande demeure blanche, au bord
de la Seine où passent des bateaux venus du monde entier. Soudain, sans
raison apparente, il fut pris de malaises. Il attribuait au fleuve une
influence pernicieuse, quand un fait bizarre se produisit : un soir, il
s’endormit en laissant sa carafe pleine d’eau à côté de son lit. En se
réveillant, il la trouva vide.
Le narrateur, pour échapper à sa hantise, part pour le Mont-Saint-Michel,
visite le monument médiéval et cause avec un moine. De retour, ses maux le
reprennent. Il se livre alors à diverses expériences (lait, pain, vin,
fraises) et il aboutit à cette conclusion effarante : quelqu’un était près
de lui toutes les nuits et buvait son eau.
Un peu plus lard, il se rend à Paris, où il reste trois semaines, mais il ne
relate d’une manière détaillée que deux journées. Il assiste à une séance
d’hypnotisme qui le bouleverse. Dans sa conversation avec le moine, comme
dans ses commentaires sur le pouvoir de l’hypnotisme, il continue à se poser
la même angoissante question : l’invisible existe-t-il ?
Un matin de printemps, il se promenait dans son jardin. Il vit, sous ses
yeux, une rose se casser, s’élever en l’air, comme cueillie par une main. Un
peu plus tard, il vit une page du livre qu’il avait posé sur sa table
tourner toute seule. Il en était persuadé à présent, un être invisible se
trouvait là, ne le quittait plus, lui prenait sa vie. Il le baptisa le Horla.
Il finit par le voir un soir où, ayant allumé toutes les lumières de son
appartement, il se retourna brusquement : le grand miroir où il avait
l’habitude de se contempler était vide. Son propre reflet avait disparu.
Puis, lentement, comme à travers une grande épaisseur d’eau, il réapparut
progressivement.
Il avait donc vu le Horla, vision épouvantable.
La présence du Horla n’est perçue que par le seul narrateur. Plusieurs de
ses voisins sont atteints du même mal, et chez eux aussi le lait et l’eau
disparaissent chaque nuit.
Le malade développe alors sa théorie : un être nouveau, plus perfectionné
que l’homme, a fait son apparition sur la Terre. Un journal brésilien le
confirme, en décrivant une épidémie qui sévit dans la province de Sào Paulo.
Or c’est un trois-mâts brésilien que le malade a vu passer sur la Seine,
juste avant que ses maux commencent.
Seul, il tend alors un piège au Horla, l’enferme dans sa chambre et met le
feu à sa demeure, oubliant du même coup les différent serviteurs qui
vivaient avec lui. Mais le Horla n’a-t-il pas survécu ? Le narrateur alors
n’a plus qu’à se tuer.